Une demande de classement comme Sentinelle Slow Food a été déposée par nos amis producteurs
basques et concrétisée en 2014. Elle est légitime puisque le plus souvent la semence est aujourd'hui connue, parmi les maïs population, sous le nom de « Grand Roux Basque ». Et surtout
puisque ayant disparue après l’arrivée des hybrides, elle a été retrouvée en 2000 dans un couvent du Pays Basque Sud, par un paysan du Labourd. Quelques agriculteurs basque l’utilisent depuis et
ont su la valoriser notamment sous forme de farine pour la consommation humaine. L’intérêt du maïs Grand Roux réside en effet dans les qualités organoleptiques des préparations culinaires qu’il
permet, en apportant une certaine onctuosité et un petit goût de noisette. Il a aussi un taux de protéines supérieur à la moyenne des maïs actuels. Aussi il faisait la réputation des recettes
traditionnelles, sucrées ou salées, du Béarn ou il était également cultivé : milhassoû, millasson, miasson et broje…Aujourd'hui la farine de maïs grand roux est très appréciée et utilisée
dans de prestigieux restaurants étoilés. Ion Harlouchet à Bassunaritz qui est à l'origine de ce renouveau élabore à la meule de pierre des produits haut de gamme très
recherchés.
Parce que ce maïs dit « population » est peu homogène, en gardant la maîtrise de la sélection pour répondre à différents usages, les producteurs bénéficient ainsi de la remarquable adaptation de cette semence au terroir qui avait duré plusieurs siècles . Elle permet d’obtenir des rendements non négligeables sans irrigation. Revanche de la biodiversité et pied de nez aux hybrides et autres OGM. Dans la perspective d’un autre type d’agriculture, du maintien de la biodiversité et de la préservation du bien commun des semences, le maïs Grand Roux est un symbole . C’est la raison pour laquelle le convivum Béarn s’est mobilisé depuis plusieurs années pour communiquer sur cet exemple par des repas (Arnaud Daguin au château d’Orion), des ateliers de dégustation (Oloron , Tarbes) des émissions TV (FR3), des publications ou reportages nationaux ( Le Monde , Libération..). La culture du Grand Roux commence à revenir également en Béarn et nous l’encourageons . On peut comprendre le désir d’identité du Pays Basque . On peut comprendre aussi le désir du Béarn d’être associé à cette reconnaissance par Slow food du Grand Roux, qui fait aussi partie de son patrimoine culinaire et paysan. Dans un de ses ouvrages le sociologue Henri Mendras rapporte qu'en 1949 les paysans de la plaine de Nay au sud de Pau se plaignent de se voir imposer les semences hybrides au détriment du maïs grand roux auquel ils sont très attachés. C'est parce que nous nous sommes beaucoup impliqués dans cette reconnaissance du maïs dénommé aujourd'hui "grand roux basque" et eu égard à notre histoire locale, que nous avons demandé, lors du classement comme sentinelle Slow Food en 2014, que le terroir de référence soit également étendu au Béarn.
Le Grand Roux Basque : variété de maïs à gros grain cultivé en Béarn. Le maïs américain l'a détrôné
Ne pleure plus ô ma Jeannette !
Près de notre champ de maïs
Tu ne trouveras plus pour ta fête
Les grains d'or de nos vieux épis.
Car il n'est plus dans notre plaine
Un seul pied de notre "Grand Roux"
Qui garnissait le bas de laine
Et dont le monde était jaloux.
Il ne chantera plus le poète
Les grains d'or de nos vieux épis,
Lourd naillas (?) et fine galette
Fleurant bon notre vieux pays.
Aujourd'hui, c'est une autre affaire.
L'Amérique mène le bal
Et ????????????????????
L'hybride donne le signal.
Adieu donc la bonne farine
Et le bon pastis de chez nous,
L'hybride avec sa triste mine
Nous envahit comme des poux;
Avec lui, dans un temps très proche,
C'est du moins ce que l'on nous dit,
Nous aurons des dollars en poche
Des billets bleus sous notre lit.
Puis sous peu, ma toute mignonne ;
Diable à quatre et Ventre Saint Gris!
Gousset garni comme personne
Nous irons tous deux à Paris.
Nous aurons notre automobile
Et même un chauffeur, c'est certain.
Nous ferons trembler la Grand'Ville
Grâce à l'hybride américain.
Yan de la Plane (?)