Le haricot maïs du Béarn

 

C’est un voisin et parent du haricot tarbais. Les deux semences plutôt grosses, blanches et un peu aplaties  ne sont pas faciles à différencier ; tous deux sont grimpants. C’est plutôt le mode de culture, de commercialisation et d’utilisation qui les distinguent aujourdhui. Au lieu d’être cultivé surtout sur filets et vendu en sec en bénéficiant d’une AOC, le haricot maïs du Béarn plus modeste respecte davantage ses origines . Venu d’Espagne par colporteurs après les grandes découvertes,  il provenait en fait du Mexique ou il était traditionnellement cultivé en symbiose avec le maïs qui lui servait de tuteur mais également avec des courges qui au niveau du sol maintenaient l’humidité. Cet écosystème s’est un peu dégradé en Béarn, les courges étant nettement moins nombreuses, mais l’alliance avec le maïs a perduré jusque vers les années 1950 ou s’opère alors  un bouleversement des pratiques culturales avec l’arrivée des maïs hybrides , de la mécanisation, des engrais et surtout des désherbants. Le binage manuel du maïs est abandonné at avec lui la culture du haricot incompatible avec les herbicides. Seuls quelques jardiniers vont maintenir la tradition et le haricot maïs qui assurait autrefois une part importante de l’alimentation, ne serait-ce qu’avec la garbure, est oublié. Cependant une demande pour du haricot maïs frais, vendu non écossé, subsiste sur les marchés  et à des prix intéressants. Alain Darroze restaurateur,  sera parmi les premiers a vanter les qualités organileptiques du produit et à tenter de relancer la production. Une associations de producteurs voit le jour en 1995 et tout un travail technique commence pour tenter d’adapter cette double culture à une certaine mécanisation voire irrigation. Conserver le maïs comme tuteur est jugé très important pour le goût car en se développant à l’ombre des feuilles de maïs, la peau du haricot reste beaucoup plus fine que lorsqu’elle est exposée au soleil sur des filets de soutien. Peu à peu ces nouvelles techniques encadrées par le CIVAM vont intéresser de petits producteurs attirés par un revenu complémentaire . La récolte béarnaise qui commence fin août et dure jusqu’en octobre est pour les ¾ vendue en frais . C’est désormais un produit de niche, en partie cultivé en bio, qui a su trouver quelques débouchés régionaux et sur les grandes tables parisiennes. Quelques producteurs l’associent à des maïs population d’avant les hybrides, notamment le grand roux, concrétisant ainsi le retour vers une sage biodiversité.